Je devais vous écrire un article plutôt serein.
Un article dans lequel je vous aurais expliqué que, malgré l'échec, ça va.
Un article dans lequel je vous aurais raconté...
... l'appel du service
... la perspective de notre rendez-vous avec notre gynéco, notre Princesse Sarah, début juillet.
... la troisième tentative de FIV ICSI programmée pour le mois d'octobre
... nos réflexions sur le don, qui se profile malgré tout
... nos recherches sur le DHEA, dont on dit qu'il améliorerait la qualité ovocytaire.
Un article dans lequel je vous aurais parlé de notre chaton, petite boule de poils qui a su nous faire sourire et rire, le jour même de la PDS.
Mais ce soir, mes parents & mes grands parents sont venus dîner à la maison.
Et, je ne sais pas pourquoi, j'ai posé la question qui me taraude depuis quelque temps déjà.
- A-tu des nouvelles de L. (une cousine) ? J'ai appris qu'elle et son mari avaient acheté une maison... Elle ne serait pas enceinte, par hasard ?
- Si, m'a répondu ma mère avec le plus de douceur possible. Et P. aussi (l'autre cousine. Petite soeur de la première).
Et là, j'ai eu envie de mourir. Non. De crever.
Mais je suis forte. Comme les X-men, j'ai un super pouvoir. Mon super pouvoir, c'est de me métamorphoser en ce que je ne suis pas. Et de tromper tout le monde.
Ce soir...
En apparence, j'étais la fille & petite fille chérie. Celle qui se bat depuis 3 ans et demi pour avoir un enfant. Mais qui garde le sourire. Et qui réagit avec bienveillance quand elle apprend que ses cousines sont enceintes. Et se propose de leur envoyer un petit mail pour les féliciter, pour mettre fin à leur appréhension, à leur peur de la blesser. Celle-là :
Intérieurement, j'étais effondrée / détruite / anéantie.
Et deux phrases ont tourné en boucle dans ma tête, toute la soirée.
1) "Je vais crever."
2) "J'ai envie de crever."
Et puis, d'horribles pensées sont venus s'immiscer dans mon esprit :
"Qu'est-ce que ça change ? Certes, ton enfant ne sera pas le premier arrière petit enfant de la famille. Mais, de toutes façons, si tu recours au don d'ovocyte, ton enfant ne sera pas l'arrière petit enfant de la famille... Puisqu'il n'aura rien en commun avec eux. Génétiquement, pour eux, il ne sera RIEN.".
Alors oui, je sais. La génétique n'est pas tout. Pour mon mari, elle ne compte d'ailleurs pas pour grand chose. Moi-même, AVANT, je ne lui accordais qu'une place minime. Mais ça, c'était AVANT. AVANT de découvrir que mes ovocytes étaient de tellement mauvaise qualité, qu'on ne pourrait probablement rien en faire. Depuis que je le sais, me viennent en tête des pensées que je n'aurais jamais soupçonnées avoir. Alors voilà, pensez que je suis obtus si vous voulez (Et dans ce cas, fermez cette page & laissez-moi hurler ma douleur en paix), mais si je dois faire le deuil d'un enfant biologique, ça va être un chemin plus long & plus difficile que je ne l'imaginais. Voire un chemin que je ne parviendrai jamais à faire complètement.
En tous cas, ça y est. C'est fait. La claque post-FIV ? Check ! Remarque, celle-là, ça fait plusieurs années qu'elle me pend au nez (moi & mes cousines, on a le même âge). Et bien, elle fait aussi mal que je l'imaginais...
Pour finir, un peu de musique.
La seule musique que j'ai eu envie d'écouter en écrivant cet article.
La seule qui me semble audible. La seule qui résonne en moi ce soir.
Et, en même temps, si je vous écris ce soir, c'est que je sais qu'une fois lue, je me sentirai moins seule.