vendredi 25 juillet 2014

Cheminer en silence

Dans la blogosphère,
Je n'écris quasiment plus. 
Je ne lis plus beaucoup. 
Je commente encore moins. 

Que dire ? 
M'apprêtant à quitter la PMA classique, 
Envahie de doutes quant à la suite du chemin, 
Je n'ai plus que des questions en tête. 

Que lire ? 
M'apprêtant à quitter la PMA classique,
Envahie de doutes quant à la suite du chemin,
Je ne me reconnais plus dans aucun blog.

Que répondre ? 
M'apprêtant à quitter la PMA classique,
Envahie de doutes quant à la suite du chemin,
Je ne parviens plus à encourager, ni à féliciter. 

***

Début juillet, nous avions rendez-vous avec notre gynéco. 
Nous avons pu parler longuement, poser toutes les questions que nous avions en tête. 

Oui, notre infertilité s'explique par une mauvaise qualité ovocytaire. 
Non, il n'y a pas grand chose à faire. Cette "pathologie" est encore trop mal connue. 

Oui, l'équipe médicale nous propose une dernière FIV, au mois d'octobre. 
Non, on ne refera pas le même protocole. Cette fois, ce sera un protocole long. 

Oui, il est temps d'envisager le don d'ovocytes. 
Non, aucun examen complémentaire ne me confirmera jamais que je suis "stérile" et non "infertile" (Et pourtant, depuis quelques semaines, ce mot, qui sonne si violemment à mes oreilles, ne me quitte pas). 

Oui, on va la faire, cette dernière FIV. Parce qu'une dernière chance, ça ne se refuse pas. 
Mais, non. On n'y croit plus. Ou plus vraiment. Parce que rien ne nous laisse espérer une issue différente. 

Je m'apprête donc à quitter la PMA classique. Et c'est presque un soulagement. 
Mais je suis envahie de doutes quant à la suite du chemin. 

***

Dans la "vraie vie",
Je lis,
J'écoute, 
Je dialogue. 
Et parfois, j'écris. 

Je lis des ouvrages sur l'infertilité, recommandées par certaines d'entre vous : 
Des Humains comme les autres, bioéthique, anonymat et genre du don, de Irène Théry. 
Clinique, de Martine Batanian. 
Et bien d'autres.

J'écoute des émissions sur l'adoption, recommandées par mon mari : 
http://www.franceculture.fr/emission-l-heure-du-documentaire-abandonner-et-recevoir-la-question-de-l%E2%80%99adoption-2014-07-15
http://www.franceculture.fr/emission-l-heure-du-documentaire-je-m%E2%80%99appelle-voletrouve-la-question-des-adoptes-2014-07-16

Je dialogue. Avec mon mari, avec ma famille, avec moi-même. Avec des gens d'expérience. 

Et parfois, j'écris. Mais pour moi-même, dans un cahier. Ce qui est trop intime pour être partagé. 

***

Je ne suis pas effondrée. 
Je ne suis pas abattue. 
Juste un peu fatiguée. 
Mais je ne parviens pas à me reposer, tant le chemin à parcourir me semble encore long.

Je voudrais bien être là pour vous, comme vous êtes là pour moi. 
Mais décidement, je n'y arrive pas. Désolée...  

Je réserve mes forces pour cette "vraie vie",
Où les grossesses et les enfants sont si nombreux,
Qu'il en faut, de l'énergie, pour avancer et être heureuse. 


Je reviendrai forcément traîner ici. Peut-être même ce blog retrouvera-t-il une vie nouvelle ! Je ne serais pas la première à faire une petite pause, pour revenir plus inspirée que jamais, quelques mois après. Faut voir. 

Mais pour l'instant, je vais opter pour un peu de silence. 
Des Bises. Des Pensées. Du courage. Et, surtout, du bonheur à vous toutes. :)




dimanche 20 juillet 2014

Lectures (1)

Lire La Peste, de Camus et avoir le sentiment qu'on y parle
De l'infertilité...

De ce parcours dont on ne connaît ni la durée, ni même l'issue...

"En particulier, tous nos concitoyens se privèrent très vite, même en public, de l'habitude qu'ils avaient pu prendre de supputer la durée de leur séparation. Pourquoi ? C'est que lorsque les plus pessimistes l'avaient fixée par exemple à six mois, lorsqu'ils avaient épuisé d'avance toute l'amertume de ces mois à venir, hissé grand-peine leur courage au niveau de cette épreuve, tendu leurs dernières forces pour demeurer sans faiblir à la hauteur de cette souffrance étirée sur une si longue suite de jours, alors, parfois, un ami de rencontre, un avis donné par un journal, un soupçon fugitif ou une brusque clairvoyance, leur donnait l'idée qu'après tout, il n'y avait pas de raison pour que la maladie ne durât pas plus de six mois, et peut-être un an, ou plus encore. A ce moment, l'effondrement de leur courage, de leur volonté et de leur patience était si brusque qu'il leur semblait qu'ils ne pourraient plus jamais remonter de ce trou. Ils s'astreignaient pas conséquent à ne penser jamais au terme de leur délivrance, à ne plus se tourner vers l'avenir et à toujours garder, pour ainsi dire, les yeux baissés. Mais naturellement, cette prudence, cette façon de ruser avec la douleur, de fermer leur garde pour refuser le combat étaient mal récompensées. "

De ce parcours dont il est si difficile de parler...

« Dans ces extrémités de la solitude,enfin, personne ne pouvait espérer l'aide du voisin, et chacun restait seul avec sa préoccupation. Si l'un d'entre nous par hasard essayait de se confier ou de dire quelque chose de son sentiment, la réponse qu'il recevait, quelle qu'elle fût, le blessait la plupart du temps. Il s'apercevait que son interlocuteur et lui ne parlaient pas de la même chose. Lui en effet, s'exprimait du fond de longues journées de rumination et de souffrances, et l'image qu'il voulait communiquer avait cuit longtemps au feu de l'attente et de la passion.L 'autre, au contraire imaginait une émotion conventionnelle, la douleur qu'on vend sur les marchés, une mélancolie de série. Bienveillante ou hostile, la réponse tombait toujours à faux, il fallait y renoncer. Ou du moins, pour ceux à qui le silence était insupportable, et puisque les autres ne pouvaient trouver le vrai langage du cœur, ils se résignaient à adopter la langue des marchés et à parler, eux aussi, sur le mode conventionnel, celui de la simple relation et du fait divers, de la chronique quotidienne en quelque sorte. Là encore, les douleurs les plus vraies prirent l'habitude de se traduire dans les formules banales de la conversation. C'est à ce prix seulement que les prisonniers de la peste pouvaient obtenir la compassion de leur concierge ou l'intérêt de leurs auditeurs. »